52 000 camionneurs recherchés L’Association du camionnage du Québec a besoin de relève pour remplacer les baby-boomers

Camionneur depuis 30 ans, Alberto Houde voit de nombreux collègues partir à la retraite et peu d’intéressés à prendre la relève. Pourtant, le Québec aura besoin de 52 000 nouveaux camionneurs d’ici quatre ans.

Sans eux, les prix de tous les aliments et matériaux que transportent les camions grimperont, met en garde l’Association du camionnage du Québec.

«Si ça devient plus difficile de transporter par camion, ça va aussi coûter plus cher», dit le président Marc Cadieux. «C’est le principe de l’offre et de la demande», poursuit-il.

L’Association estime que les baby-boomers forment la grande majorité des camionneurs d’ici. «C’est une cohorte âgée, qui ne rajeunit pas», dit-il.

De plus, Marc Cadieux souligne que de nombreux emplois restent aussi à combler en gestion, en vente et en mécanique.

Mais l’intérêt n’est pas au rendez-vous, malgré les nombreuses offres d’emplois sur le site web truckstopquebec.com, où les entreprises de camionnage promettent plusieurs avantages sociaux.

Pas valorisé

«Ce n’est pas un métier valorisé, les camions sont vus comme encombrants et polluants sur nos routes», dit Caroline Lacroix, du Groupe Robert.

Toutefois, le directeur de l’École nationale de camionnage, Serge Lampron, déplore que l’industrie décourage les nouveaux camionneurs avec des conditions de travail difficiles.

En effet, si la province compte environ 54 200 chauffeurs en compagnie et 26 000 indépendants, la Société de l’assurance-automobile du Québec souligne qu’en 2015 il y avait pourtant une main-d’œuvre disponible de 193 279 titulaires de permis pour camions de Classe 1.

Désillusionnés

«Plusieurs se tannent de faire des heures impossibles, ils sont désillusionnés après un mois», dit M. Lampron.

Malheureusement, le salaire n’est pas toujours alléchant, sans compter les semaines de 70 heures. L’Association évalue à 42 500 $ le salaire moyen d’un camionneur, qui doit souvent faire des journées de 12 heures.

Mais pour Alberto Houde, le camionnage doit être une passion. «Il n’y a pas juste ce qui entre dans tes poches qui est important dans la vie», dit-il.

Alberto Houde fait deux ou trois fois par jour la navette entre Sorel-Tracy et Hawkesbury, en Ontario, pour transporter des matériaux de fer.

L’homme, qui vit au Saguenay, travaille habituellement 11 jours en ligne, puis il rentre chez lui pour trois jours avant de recommencer.

«J’ai un fils de 21 ans que je n’ai pas vu grandir, c’est ma blonde qui s’est occupée de lui, mais c’est ça mon métier», admet-il sans amertume.

Au fil des ans, il a vu les contraintes augmenter, comme des délais de plus en plus serrés.

«Il faut toujours aller plus vite, mais attention aux amendes, dit-il, car ça vient gruger ton profit.»

Pour le professeur de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Henri Boudreault, toute l’économie du pays est liée au transport par camions. «Sans camionneurs, ce serait comme couper le courant», dit-il.

L’expert en formation professionnelle croit que la solution sera peut-être de payer davantage les chauffeurs, ce qui fera aussi inévitablement grimper le coût du transport.

Source: JDM