Le transport routier en panne sèche de main-d’œuvre
Jamais les camionneurs n’ont été si recherchés au point où les compagnies de transport sont maintenant forcées de voir dormir leurs camions dans la cour en attendant de trouver la perle rare.
« Demain matin, je pourrais faire travailler 200 chauffeurs », lance sans hésiter le vice-président aux affaires de l’entreprise et relations publiques du Groupe Robert, Jean-Robert Lessard. « C’est très sérieux. C’est dangereux pour la vie économique d’une entreprise », dit-il.
Groupe Robert a 1300 camions et une trentaine de centres de distribution. Son chiffre d’affaires dépasse les 400 millions $ par année. M. Lessard va même jusqu’à dire que des camions de 150 000 $ doivent rester dans la cour, faute de main-d’œuvre.
Résultat, l’entreprise de transport se voit obligée de refuser des clients. « Tout le monde se creuse la tête pour savoir comment ils vont réussir l’an prochain et dans deux… ou trois ans », partage-t-il.
Hausses de salaire
Le haut dirigeant du Groupe Robert est persuadé que l’industrie n’aura pas le choix d’augmenter le salaire des chauffeurs. « L’impact sur les salaires va être de l’ordre de 5 % à 10 %, du moins pour l’instant et peut-être pire », précise-t-il. Un camionneur gagne au moins 50 000 $ par année en moyenne, selon lui.
L’homme qui travaille au sein de l’entreprise depuis plus de 35 ans souligne qu’il n’y a pas que le salaire qui compte. La nouvelle génération tient à ses conditions de travail, note-t-il.
« Historique »
« C’est historique. On a des besoins de main-d’œuvre, en plus d’une hausse de la demande, c’est un double défi », résume le directeur général du Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’industrie du transport routier au Québec, ou Camo-route, Bernard Boulé. Même son de cloche chez Pascal Gagnon, directeur général de Multiemplois, propriétaire du site d’emploi camionneur.ca. « C’est très intense. C’est du jamais-vu », renchérit-il.
Monde à l’envers
Pour Marc Cadieux, PDG de l’Association du camionnage du Québec regroupant 500 entreprises membres, l’heure est grave. « C’est critique et dramatique. C’est dans toutes les discussions », s’inquiète-t-il.
Il y a 10 ans, les camions restaient stationnés, faute de contrats. Aujourd’hui, c’est le monde à l’envers, ils sont pris dans la cour… parce qu’il n’y a personne pour les conduire, illustre Marc Cadieux.
« Il y a même des chefs d’entreprise qui n’avaient pas conduit depuis 10 ans et qui se remettent au volant », conclut-il.
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Détails
SOURCE : EMPLOI-QUÉBEC ET CAMO-ROUTE
SALAIRE HORAIRE
SOURCE : CAMIONNEUR.CA, MARS 2018
Source: JDM